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Rencontre avec Léa Lando pour son premier film

13 Aout 2024

En parallèle du stand-up Léa Lando a travaillé à la télévision, en radio et a réalisé quelques courts métrages acclamés, l’humoriste voit aujourd’hui un de ses rêves devenir réalité sur grand écran avec la sortie du film Super Papa mercredi 7 août. 

Pouvez-vous expliquer votre parcours professionnel et comment vous en êtes arrivée à réaliser votre premier long métrage ?

Je vais te la faire courte, mais en gros voilà : j'abandonne mon parcours dans le droit avec l’objectif de faire du cinéma vers 2004. Je réponds au casting pour devenir animatrice télé parce que je pensais que c'était un peu kif-kif quoi, je me suis dit si je rentre en télé, je mettrai un pied dans le ciné. En fait, c'est deux univers tellement différents.

Et puis voilà. Et le hasard de la vie a fait que j'ai été prise à ce casting. Je suis devenu animatrice télé pour une émission jeunesse. Et puis les mois ont passé. On m'a proposé des trucs en télé, être auteur. On m'a proposé de faire de la radio. J'ai dit oui et puis  20 ans sont passés comme ça, à vitesse grand V.

J’ai toujours fait un peu de théâtre étant donné que je voulais être comédienne. Et en 2010 il y a un mec qui me pousse à monter sur scène, donc je le fais. Mais j'avais la même frustration que quand j'étais en droit. Je ne faisais pas encore de cinéma. Je me suis dit, que ça fait 20 ans que je suis en télé, en radio et sur scène, il est temps de réessayer de réaliser mon rêve, je vais bosser et voilà, j'ai écrit un scénario, je suis allé voir des producteurs et de fil en aiguille, on en est arrivé là.

Comment s'est fait la passerelle entre ses univers ? 

Grâce aux rencontres, franchement en 20 ans de télé, j'ai rencontré énormément de gens. J'ai réussi à connaître du monde, dont Claudia Tagbo, qui est aussi humoriste, et pour qui j'écrivais. Et en fait, j'ai écrit un scénario pour lequel je lui ai donné un rôle, ensuite, elle m’a présenté un producteur avec qui elle venait de tourner. Ce n'est pas le film qui est actuellement au ciné, mais en tout cas, je l'ai fait avec le producteur qu’elle m'a proposé, elle a même un petit rôle dedans. C'était surtout symbolique, je ne pouvais pas ne pas l’avoir dans mon film, c'est pas possible, c'est mon porte-bonheur.

 

  

D’ailleurs, pour le casting, vous vous êtes entouré de personnes que vous connaisez non ?

Oui, c'est vrai, Ahmed par exemple, je le connais depuis une dizaine d'années. Mais ce n'est pas parce qu'on se connaît qu'il a accepté de faire le rôle. Il m'a dit : “ je ne peux pas accepter parce que tu es ma pote, je dois lire le scénario d’abord.” 

J'ai voulu mettre des gens qui comptent, par exemple Delphine Théodore qui joue la directrice d'école dans Super Papa. Elle a été le rôle principal de mon premier court-métrage qui s'appelle Smile et avec lequel j'ai emporté pas mal de prix en festival et je la trouve tellement géniale que je lui ai dit : “ tu étais dans mon premier court-métrage. Je veux que tu sois dans mon premier long.”  Ce sont des petits symboles comme ça. 

Dans le podcast Le Pitch Club du 25 octobre 2021 vous parliez déjà de ce projet, est-ce qu’il ressemble à ce que vous aviez imaginé ?

Il y a eu beaucoup d'étapes d'écriture. C'est sûr qu’il y a plein de choses qui ont changé.  Il y a d'abord l'idée de base qu'on a en tête ou on imagine des tonnes de trucs sans penser au budget.  Puis, tu vois que ça coûte très très cher donc forcément, tu fais avec ce qu'on te donne, mais je ne suis pas mécontente de ce que j'ai livré et heureusement.

Après, il n'y a pas de perfection et c'est ce qui fait le charme de tout. C'est comme chez les gens qu'on rencontre en vrai. Je trouve que les imperfections font leur charme. Donc voilà, il n'est pas parfait, mais je n'en suis pas mécontente.

D’où vous est venu l’idée du scénario de ce film ? 

L'idée vient d'un fait réel. Mon père vit aux États-Unis, il est français et il s’est marié avec une Américaine. J'avais un petit frère là-bas et quand mon père a vu le livre le Petit Prince aux États-Unis sur un étal, il s'est dit, c'est fou, il faut que je l'achète à mon fils. Il est peu tête en l’air, donc il a acheté ce livre à mon frère et lui a offert en disant : “ en France ce livre, il est extraordinaire. Tout le monde connaît ce livre, etc.”  

Et quand mon frère l’a ouvert, il y avait que des pages blanches. Il ne voulait pas perdre la face donc il lui a dit que c’était un livre magique ; s’il écrit dedans, le Petit Prince répond. Mon père répondait à ces questions en douce et j’ai trouvé l’idée assez maligne. J'ai juste transformé cette idée de question en rêve pour que ce soit plus imagé, plus cinématographique, mais ça part d'une histoire vraie.

 

  

Si vous étiez en possession du livre de votre film enfant, quel serait votre souhait ?  

On m’a posé la question pour aujourd’hui mais jamais pour l’enfant que j’étais. Et la réponse est différente, adulte, je souhaiterais avoir le pouvoir de lire dans les pensées des gens, ce qui est très dangereux, mais ça me ferait gagner du temps dans la vie pour faire le trie sur les hypocrites. Mais enfant, c’était de faire du cinéma ! 

Dans ce film il y a beaucoup de vous, qu’est-ce qui fait écho à votre vie en dehors de votre père et du métier d’humoriste ? 

En vrai, les gens qui me connaissent personnellement, me retrouve dedans et c’est un des plus beaux compliments qu'on m'ai fait. C'est un film à la fois drôle, sensible et tendre. 

J'ai mis tellement d'éléments qui me sont chers. Il y a des dédicaces à ma mère, des références à mes courts métrages. Il faut les avoir vus pour les voir [rire]. Mais oui, j'ai mis plein de trucs assez symboliques dans le film !

Est-ce que vous avez envie de faire l'Olympia puisqu’on voit le début de votre nom en grosse lettre sur le bâtiment ? 

En fait, c'était assez drôle parce qu’il y a cette séquence où Tom passe devant l'Olympia et puis il voit un autre nom que le sien, et on s'est dit qu'est-ce que qu'est-ce qu'on va mettre comme nom ?

Tout le monde me disait de faire une apparition dans mon film, mais je n’aime pas être devant la caméra quand je réalise. Je me suis fait une petite dédicace, mais pas avec mon nom en entier. 

Et en fait, pendant le tournage, ma directrice de production vient me voir en disant : “ écoute, on ne peut pas mettre ce qu'on veut comme lettre parce que ça coûte très cher, il faut que tu fasses avec l'artiste de la veille et l'artiste du lendemain et tu te débrouilles avec les lettres en place”. La veille, il n’y avait personne pour l'instant et le lendemain, c'était un artiste américain dont j'ai oublié le nom, mais je me souviens qu'il y avait du x du y dans son nom et je me dis bon, ce n'est pas grave, on verra le jour même. Et en fait, le jour même, à 6h du matin, j'arrive devant l'Olympia et je vois Léa Land sur la façade.

Je ne sais pas quelle chance j’ai dans la vie, mais il y a une artiste internationale qui était en tournée et qui s'est dit ce n’est pas normal que je ne passe pas par Paris et elle a réservé l'Olympia pour la dernière date qui restait, c'est-à-dire la veille du tournage et cette artiste c'est Lana Del Rey.   

Quand reviendrez-vous sur scène ?

J'ai jamais lâché, sauf pendant le temps de tournage et le temps de montage, donc pendant quand même presque un an. Mais je gère quelques plateaux, donc je les présente, le seul truc que je n'ai pas fait, c'est de tester des nouveaux sketchs donc là, c'est vrai, j'en ai un peu marre, je joue toujours la même chose. Dès la rentrée, je vais reprendre la scène et tester des nouveaux sketchs

La question de la fin, quel est le dernier truc qui vous ait fait rire ?

Déjà tous mes potes se foutent de ma gueule parce que je me fais rire énormément. Ouais et je suis mon meilleur public. Parfois, je pleure de rire à mes propres vannes et ma copine me regarde avec stupéfaction en me disant “ Mais c'est pas possible de se kiffer autant”.

Sinon, je suis allée récemment à Carcassonne visiter la ville avec ma copine et on a pris un guide, le truc que je ne fais jamais. On reste avec lui deux heures, il était tellement sympa, je discute avec lui toute souriante. Quand il part, ma copine me dit que j’ai un truc noir entre les dents. Elle m’a expliqué qu’elle n'avait pas osé me le dire devant le guide. Et je me suis tapée un fou rire grâce à elle.