Rencontre avec Tahnee : une figure montante de l’humour

26 Juin 2024

La comédienne a participé au Pride Comedy Show et au pot de départ de Guillaume Meurice le 21 juin. Débutant en 2017 dans le théâtre d'improvisation, Tahnee s'est rapidement orientée vers le stand-up à Paris. L’humoriste d’origine Antillaise, normande, Noire et lesbienne, aborde dans son spectacle L’Autre des thèmes qui lui sont chers, comme le rapport à sa coupe afro et son coming-out, toujours avec humour et authenticité. 

Quel est votre meilleur souvenir de scène ? 

J’en ai tellement ! Mais c’est en tournée que je suis le plus surprise. J’habite à Paris, je connais bien les salles et le public et en province, dans des endroits où les gens ont peut-être moins accès au stand-up c’est différent. Là, tu as des salles qui rigolent à donf, de très belles surprises. Voir que les gens qui te suivent sur les réseaux sociaux, viennent aussi te voir en salle, ça fait du bien. 

En parlant de salle, laquelle rêveriez vous de faire ? 

Là, je vais programmer la captation de mon spectacle, le 25 octobre à La Cigale. Je crois que c’est vraiment un rêve qui se réalise. La salle est trop belle, j’ai tellement hâte ! La billetterie est déjà ouverte d’ailleurs. 

Est-ce que vous avez l’impression que votre carrière a décollée ?

On peut toujours faire plus, mais oui, j'ai l’impression d’être installée dans le milieu de l'humour, certes avec une petite étiquette. Mais, faire de l’humour engagé, féministe, LGBT, c’est une direction que j’ai prise dans mes textes parce que je voulais en parler. Ça m’a permis d’avoir mon public, ma communauté et c’est cool.  

Parfois, j'ai peur que ça m'enferme parce que du coup, on va, on va me proposer principalement les plateaux queer - ce qui me fait plaisir - mais je voudrais qu’être mêlée plus souvent aux autres scènes. 

À ce propos, est-ce que vous avez déjà eu peur d’être le “quota”, peur d’être invitée parce que vous êtes une femme, noire et lesbienne ? 

Oui, j’ai pu avoir ce ressenti. Je me suis posé la question, parfois, est-ce que vous me prenez parce que je suis métisse ou LGBT ? Après, tu te mets un peu à douter.

Mais en même temps, je pense qu’il ne faut pas se mettre des barrières et dans certains domaines, tu es obligé de parler “quota” pour faire avancer les choses. Si ça doit commencer par là, eh ben ça commence par là ! Je trouve ça tellement intéressant d'avoir de la diversité dans les programmations, que ce soit homme-femme, personne blanche, noire, asiatique.

Vous pensez pouvoir être un exemple pour des jeunes filles qui peuvent s’identifier à vous ? 

Je pense oui, ça me tient à cœur, et il y a beaucoup de gens justement qui m’ont écrit après mon spectacle en expliquant notamment que ça leur a permis de faire leur coming-out. Je trouve ça trop bien ! Si je peux permettre ça, c'est trop cool. 

Quand j’ai commencé, Shirley Souagnon était mon modèle. Ça a réellement été une inspiration personnelle en tant que personne noire, queer, qui s'affirme et aussi en tant qu'humoriste. Au début, je me demandais si les sujets que j’aborde, allaient parler à tout le monde. Et comme il y avait Shirley, qui fait rire des salles entières, précisément en parlant de racisme, en parlant d’homophobie, ça m’a donné l’exemple. 

Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu dans votre carrière ? 

Shirley m’a vraiment prise sous son aile. Elle m’a dit où je pouvais commencer à jouer en tant que débutante. Elle m’a fait comprendre que pour progresser, il faut travailler, écrire, se tromper, recommencer et prendre des bides et essayer autrement. C'est là, où j'ai commencé à essayer de faire des scènes un peu partout. En fait, il faut trouver ton rythme, ton énergie, ton écriture à toi.

Vous l’avez trouvé ? 

Ouai ! Je pense que je continue, c’est en constante évolution. Mais c'est clair que maintenant, je sais comment écrire, je sais ce qui fait mon “originalité” et après, il n’y a pas de secret, il faut jouer le plus possible ! 

Vous avez prévu quoi pour la suite ?

Je vais commencer à réfléchir à mon nouveau spectacle. Cette année, j'avais trop la tête dans le guidon, donc je n'ai pas le temps de me poser, et de me demander ce que je veux dire. Parce que, pour moi, le fond est important. 

Et après les dates de tournée reprennent à partir de septembre. Tout comme les émissions avec la radio Mouv’, j’ai une chronique le vendredi matin et l’émission Laisse-moi rire avec Arezki Chougar et Nathalie Boitel. On y invite plein d’humoristes, l’objectif, c'est de faire découvrir la nouvelle génération du stand-up. 

Dernière question et pas des moindres, vous serez dans la rue ce week-end pour la Pride ? 

Tout à fait ! Je pense que je vais faire un tour, il y a Lou Trotignon et Noam qui vont animer le podium à République, donc je vais surement passer leur faire un coucou.

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